Chaos. Je ne sais pas où je suis. Parfois dans mon lit mais ça ne dure pas. Parfois sur la plage en compagnie de Fiona mais ça s’évanouit. Parfois Tokyo. Parfois dans mon enfance avec mes frères. Rien ne persiste. Tout est clair dans l’instant. Puis une autre scène arrive, tout aussi claire, sans aucun rapport. Mises bout à bout, ces limpides séquences deviennent incohérentes. Quel âge puis-je avoir ? Parfois dix ans, parfois cinq ans, parfois vingt… Quand suis-je aujourd’hui ? Quand suis-je hier ? Aujourd’hui existe-t-il toujours ? Je flotte. Où est mon corps ? Où l’ai-je laissé ? Est-ce cela, la mort ? Pourtant je sais bien que je ne suis pas mort. Je sais bien que je rêve sans cesse. Je sais bien que j’existe encore. Le problème, c’est que j’ai trop de vies. Trop de vies trop courtes. Je voudrais m’installer dans l’une d’elles, quelle qu’elle soit, y creuser ma place, y rester. Bascule. Trou noir. Je tombe dans une nouvelle existence, fatigué non d’avoir à recommencer mais d’avoir été arraché à l’autre. Plutôt mort que ces vies trop rapides. Je voudrais n’avoir plus qu’un corps, quel qu’il soit ; plus qu’un âge, quel qu’il soit ; plus qu’un destin, quel qu’il soit.
Un rêve revient souvent : est-ce la réalité ? C’est une chambre très sombre. Je suis attaché dans un lit, serré par des sangles, ma tête entourée de bandages. Fichet se penche de temps en temps sur moi. Il pue l’ammoniac, le tabac et l’alcool. Il me fait des signes. Me demande de compter ses doigts. Je réponds très bien. Je me doute bien qu’il n’a pas six ou sept doigts à chaque main. Il ne perçoit pas mes réponses. Je m’amuse de ses grimaces de sourd. D’ailleurs, c’est curieux, je le vois moi aussi sans l’entendre. Pourtant il agite les lèvres, parfois en me fixant, le plus souvent en se tournant vers quelqu’un qui doit se tenir derrière lui et que je n’aperçois pas.
Je repars. Fiona. Ma mère qui me coiffe devant le miroir. Fiona. Mes frères nus sur leur lit, chastes, enlacés, si beaux que j’en suis malheureux. Fiona. Moi en classe, refusant d’apprendre, refusant de répondre, accablé de mauvaises notes. Fiona. L’ivresse de mes suicides, la joie, l’impression d’avoir trouvé la poignée de la bonne porte. Hannibal me donnant des cours de peinture. J’ai fait des enfants à Fiona, ils sont cinq, beaux comme leur mère, ils me sourient. Stop ! Arrêtons-nous dans cette vie-ci, elle me plaît. Stop ! Je suis zappé ailleurs. J’atterris sous l’œil de Fichet qui me montre trois doigts.
– Je vois bien que tu as trois doigts, espèce de gros con !
Il recule, effaré. Il m’a entendu. J’ai peur. C’est donc là que j’accoste ? Fin du voyage ? Cette chambre et Fichet, voilà ma vie ?
– Oui, je compte jusqu’à cinq, c’est ça que tu vérifies ?
Fichet sursaute. La hanche roulante, le ventre ballotté, il bondit sur le sol en soufflant, il s’accroche au chambranle comme un marin qui a le mal de mer. Puis il appelle quelqu’un au téléphone.
Il s’assoit. Il attend. Il tremble, violacé, apoplectique, les yeux presque fermés par l’ourlet gras de ses paupières.
Zeus entre et Fichet lui dit que ça y est, je reviens à moi-même et je parle. Zeus fulmine de colère.
Je comprends aussitôt ce qu’il me reste à faire. Lorsque Fichet veut rééditer sa démonstration, je ne bronche pas.
Zeus patiente. Fichet recommence. Échec. Zeus ricane, rassuré. Ils sortent et je saisis qu’ils s’engueulent dans le couloir.
Puisque cette chambre sinistre est mon rivage, je décide de ma conduite à venir sur cette île où les flots de ma conscience m’ont abandonné : je ne parlerai plus. Je leur ferai croire que je ne suis qu’un légume. Seule cette ruse me sauvera.
Puis-je être encore sauvé ?
Lorsque je suis seul, je tâte les bandages autour de mon crâne. Ils m’ont ouvert la tête. Ils m’ont trépané. Quelle partie du cerveau m’ont-ils enlevée ?
Je glisse et repars dans mes rêves. Puis reviens dans cette chambre sombre où j’ai le corps sanglé et les tempes lourdes, enturbannées. La part de méninges qu’ils m’ont grattée, est-ce celle qui permet de distinguer la veille du rêve ? Vais-je trébucher à perpétuité de songe en réalité ?
Le temps passe et m’est rendu. Fichet me rééduque. Il arrive à me lever, à me soutenir dans la marche. Il n’obtient aucun résultat lorsqu’il veut me faire parler. Zeus-Peter Lama est ravi. Il félicite Fichet. Il lui tape sur l’épaule et j’ai l’impression que Fichet va rouler.
Or je sens que Fichet n’est pas certain d’avoir réussi. Dès qu’il reste seul avec moi, il me contemple de manière sceptique.
Un soir, il penche sur moi sa tronche vineuse et m’oblige à le regarder.
– Écoute-moi, Adam. À moi, tu peux te confier, je ne répéterai rien : est-ce que tu peux parler ?
Je me tais. Il insiste. Son front gras se gonfle de plis.
– Tu n’as pas confiance… Comment aurais-tu confiance ?… Pour te prouver ma bonne foi, je vais te dire la vérité : Zeus-Peter Lama m’a demandé de te découper la boîte crânienne et d’enlever les lobes de la parole. J’ai fait semblant. Je t’ai bien ouvert la tête mais je n’ai touché à rien. Pourquoi ? Parce que je ne connais pas la neurologie. Dans la médecine légale, on ne cherche pas d’indices dans le cerveau. J’ai oublié le peu que j’ai appris à l’université. J’ai simulé parce que Zeus-Peter Lama m’a proposé beaucoup d’argent et que… Bref, je t’ai juste un peu aéré le bulbe. C’est un choc. Certes. Pas plus. En toute logique, tu ne devrais pas avoir perdu le langage. Réponds-moi.
Je me tais.
Il passe ses petits doigts boudinés dans la mèche luisante qu’il rabat sur sa calvitie. Ses globes oculaires tournent autour de la pièce. Il s’affole.
– Serait-ce possible que, malgré moi, j’aie… obtenu… ça ?
Je le lui laisse croire. Il revient vers moi.
– Peux-tu écrire ?
J’approuve de la tête. Il se précipite sur un bloc de feuilles et un stylo qu’il me tend.
– Réponds-moi par écrit.
Je prends le stylo puis je reste bloqué au-dessus du papier. Je prétends me forcer. J’agite mes pieds, coupe ma respiration, je deviens rouge, je gonfle les veines de mon cou, j’ai des larmes aux paupières jusqu’à ce que, désemparé, je rejette les feuilles et le stylo au loin.
Fichet s’effondre.
– Mon Dieu, j’ai détruit le centre du langage sans m’en rendre compte…
Il est plus saisi d’étonnement que de regret. Il se surprend lui-même. Je ne bronche plus, absent. Persuadé qu’il n’a plus rien à craindre de moi, il réfléchit à la nouvelle situation. Peut-être est-il un plus grand médecin qu’il ne l’imagine ? Peut-être lui suffit-il de vouloir pour pouvoir ? Il s’est toujours sous-estimé. On l’a toujours sous-estimé. Par bouffées de plus en plus fortes, la fierté remplace l’inquiétude. La boule Fichet jubile, sautille. Il virevolte, toupine. Il danse avec la légèreté des gros. Après avoir ramassé ses instruments, il envoie un baiser à son reflet en passant devant la glace.
– Salut, Fichet. Et bravo !
Ce soir, il s’aime. Il disparaît. Il va aller jouer au casino.
Le lendemain, il donna l’ordre de mon transfert et je fus livré à mon nouveau propriétaire.
Aristide Stavros détestait le luxe, l’art, sa femme et les bijoux mais son statut de milliardaire le condamnait à vivre dans le luxe, à posséder une collection d’art, à ne pas divorcer de sa femme et à la couvrir de bijoux qu’elle entassait en avare dans ses coffres. Il menait une existence qu’il haïssait, étrangère à son tempérament rustique, et l’on pouvait vraiment dire que sa fortune avait fait son malheur.
Lorsque je lui fus livré, son intendant me fit installer dans un studio très propre et mit en place une garde rapprochée. « À trente millions, on prend des précautions », répétait-il au personnel et aux vigiles. Cette surveillance était plus destinée à prévenir des vols qu’à empêcher mes initiatives. La douceur molle, quasi imbécile, de mon comportement leur confirma qu’ils avaient raison, que le danger viendrait de l’extérieur, jamais de l’intérieur. Mon seul dessein étant de rejoindre Fiona et son père, j’endormis la méfiance de mes gardiens en continuant à jouer la comédie de l’encéphale cramé.
Aristide Stavros se servait peu de moi. N’aimant pas les mondanités, il ne recevait pas souvent et il invitait beaucoup de monde à la fois. Je passai quelques soirées, nu, sur mon socle. On venait s’extasier. Parmi les remarques, revenaient surtout mon prix, qui fascinait les gens, et des banalités du genre : « C’est autre chose en vrai qu’en photo. Je le croyais plus grand. Je le voyais plus petit. Franchement, aimerais-tu avoir ça chez toi ? » Comme La Joconde de Vinci ou le David de Michel-Ange, j’avalais les crétineries sans broncher. Pour être une œuvre d’art célébrée et commentée par le monde entier, il faut soit être très bien élevé comme Mona Lisa, soit ne comprendre que l’hébreu ancien comme David, soit, comme moi, s’en foutre royalement. J’assurais donc très bien mon travail de star autiste.
Mes frères venaient de temps en temps à ces soirées. Quelque chose se dégradait en eux. S’ils n’étaient pas moins beaux, ils avaient perdu leur éclat. Cela venait-il d’eux ? Ou des admirateurs qui se pressaient moins ? Ils s’éteignaient. La drogue que leur fournissait Bob, l’attaché de presse, n’arrangeait pas les choses. Rienzi, l’aîné, avait pris l’habitude de venir se truffer le nez de poudre devant moi en prétendant m’admirer. Quant à Enzo, quoiqu’il reniflât moins, il me scrutait longuement avec désespoir, comme s’il cherchait je ne sais quel secret. Souvent je me demandais si, malgré son hébétude, Enzo Firelli n’était pas sur le point de me reconnaître. S’il avait voulu s’en assurer, il aurait dû me fixer dans les yeux. Or il demeurait là, devant moi, à me contempler sans me voir, les paupières ouvertes par les excitants plus que par l’intelligence.
Un jour, pourtant, il vint se coller à mon visage.
– Au fond, mon vieux, tu as trouvé la bonne place.
Je frissonnai mais mon regard resta figé, imperturbable, au-dessus de lui. Il se roula une cigarette avec difficulté.
– Ouais, tu as trouvé le travail peinard. Rien à branler. Rien à prouver. Tu te contentes d’être ce que tu es. Génial…
Il gâcha une deuxième feuille à rouler le tabac et commença, fébrile, à en plier une troisième.
– Moi aussi, tu vas me dire ? Ben non, pas comme tu crois. On dit une seule chose de moi, c’est que je suis beau. Et moi, qu’est-ce que j’en pense ? Quand je m’aperçois dans la glace, je ne vois pas quelqu’un de beau, je vois mon frère. Et mon frère, il ne me fait aucun effet. Alors… je me tape de ce qu’on dit sur moi et, en même temps, j’en vis. Tu comprends ça, toi ? C’est irréel…
La troisième cigarette finit aussi à terre. Sans cesse plus tremblants, ses doigts firent un quatrième essai.
– Je vieillis. Je fais déjà partie des vieux mannequins. Les jeunes arrivent derrière, qui nous piquent les contrats. Ça me fait peur et, en même temps, ça m’apaise. Je me dis que, dans quelques années, je serai débarrassé de moi. On ne dira plus que je suis beau, on dira… quoi ?… je ne sais pas… autre chose… peut-être rien… Rien ?
Il avait enfin réussi une sorte d’entonnoir chiffonné d’où sortaient des brins de tabac comme des poils dépassant d’une narine. Il l’alluma.
– Rien. On ne dira rien. Et ce sera ça, la vérité. Je ne suis rien. Je n’aurai été que par les autres. Et quoi ? Un état d’excitation chez des minettes frustrées pendant quelques secondes ? Tu parles d’une consistance. Après, on s’étonnera que je me drogue…
Il tira sur son joint et ses traits se détendirent à l’instant. Son masque devint moins nerveux, quoique plus cireux.
– Est-ce que ça vaut le coup de vivre ? J’ai une vie de con.
– Tu as une vie de con parce que tu es con, lui répondis-je.
Tout d’abord il haussa les épaules, émit un petit ricanement, expira la fumée qui, telle une langue blanchâtre, lui lécha le visage jusqu’au front. Alors qu’il avait la bouche ouverte pour répondre, ses pupilles se dilatèrent : il évalua ce qui venait se passer.
– Tu parles ?
Je me tus et pris, lascivement, une autre position.
Il se déplaça pour tenter d’intercepter mon regard.
– Non, sérieux : tu parles ?
Je ne bronchai pas.
Il oublia sa cigarette et se mit à pousser des exclamations de chimpanzé.
On s’approcha. On demanda à Enzo ce qui arrivait.
– Il parle, dit-il en me montrant avec fierté comme s’il venait de m’inventer.
– Non, il ne parle pas, dit un des habitués.
– Il m’a parlé.
– Ah oui ? firent les gens goguenards en reniflant la fumée pour vérifier qu’il s’agissait bien de haschich. Et qu’est-ce qu’il vous a dit ?
– Que j’étais con.
Les invités échangèrent des sourires. Le plus courageux glissa :
– Ça ne manque pas de bon sens.
Aristide Stavros se joignit au groupe.
– Alors, êtes-vous séduit par ma dernière acquisition ?
– Il parle, s’exclama mon frère.
– Sûrement pas, fit le géant d’un ton sans réplique.
Bob, l’attaché de presse, saisit Enzo par les épaules et expliqua à la foule :
– Enzo est un peu surmené par les tournages, en ce moment.
Enzo baissa la tête, vaincu, et l’attroupement se dispersa. Bob et Enzo restèrent près de moi jusqu’à ce que, certain de ne pas être entendu, le professionnel de la communication pût déverser sa bile sur le mannequin.
– J’en ai assez de toi ! Tu t’enlaidis comme un pruneau sec, j’ai de plus en plus de mal à te vendre, et tu dépenses le peu de crédit qui te reste en débitant des sottises.
– Je t’assure que…
Ma petite cocotte, je ne te demande plus qu’une chose pour les quelques mois de carrière qui te restent, ne prononce plus un mot. Ah, si tu pouvais être muet !
Il le planta là.
Enzo me contempla. J’étais muet. Comme lui. Pour la première fois, je me sentais une certaine familiarité avec mon frère : comme à toutes les apparences, fussent-elles belles ou monstrueuses, on ne nous demandait que de nous taire. Je changeai souplement de position et lui glissai à l’oreille :
– Les apparences ne sont que ce qu’elles sont, mon cher frère. Plates. Muettes. Elles ne doivent laisser apparaître qu’elles-mêmes. Les apparences n’expriment rien, elles appartiennent aux autres et ne leur sont tolérables qu’à ce prix.
Enzo pâlit, ouvrit la bouche pour pousser un long cri muet puis s’enfuit vomir aux toilettes.
En dehors de mes exhibitions, je cherchais les moyens de contacter Fiona et Hannibal. J’avais volé un annuaire pour découvrir leur téléphone ou leur adresse : en vain. J’avais réussi à m’isoler une heure dans un des bureaux pour pianoter sur le réseau Internet : j’y trouvai les références des rares galeristes qui proposaient ses toiles mais aucun accès direct. J’avais repéré sur une carte où était bâtie la demeure d’Aristide Stavros sur l’île : à l’exact opposé de celle de Zeus-Peter Lama ; même si je m’échappais, il me faudrait plusieurs jours pour rejoindre la plage. Comment faire ?
Par la télévision de mes gardiens, j’appris que Zeus-Peter Lama avait continué ses expériences. Un vaste documentaire révélait que, depuis quelques mois, plusieurs statues vivantes étaient sorties de son atelier. Je constatai avec stupeur qu’elles étaient encore plus horribles et extravagantes que moi. Lorsque la caméra s’attarda sur les visages déformés, je frémis : j’avais reconnu les yeux de certaines des beautés qui séjournaient à l’Ombrilic. La voix du commentateur annonçait que les nouvelles créations de Zeus avaient été conçues sur des jeunes femmes qui s’étaient portées volontaires. Écœuré, je quittai la pièce.
L’épouse d’Aristide Stavros, une petite femme d’un seul bloc, sans ligne qui marquât la taille ou la poitrine, coiffée dès l’aube, méchée, manucurée, lookée et agressive, multipliait les scènes de ménage. Alors que le milliardaire travaillait sans répit, de cinq heures du matin à dix heures du soir, elle le traitait d’imbécile, d’incapable, de bon-à-rien.
Était-ce l’effet de leurs disputes ? Le géant vieillissait et maigrissait à vue d’œil. Sa peau avait adopté un gris de papier mâché. Il recevait moins. Il ne parlait presque plus.
Un matin, l’épouse fit ses malles, emporta trente penderies de robes, deux cents caisses de chaussures et quatre coffres de bijoux. La nuit, Stavros s’enferma dans son bureau. J’entendis un coup de feu, des bruits de pas affolés puis la sirène des ambulances.
Le lendemain matin, lorsque mes gardiens allumèrent leur poste de télévision, j’appris que le magnat s’était suicidé d’une balle de revolver. Motif ? Ses affaires allaient mal depuis des mois. Mauvais investissements. Endettement très fort. Il était ruiné. Sa femme s’était enfuie dans une contrée inconnue en emportant ce qui pouvait être sauvé. Étrange impression que découvrir par les informations ce qui se déroulait depuis des mois – et la nuit même – à quelques mètres de moi.
Ce jour-là les policiers envahirent la maison et, peu de temps après, les huissiers.
Avec différents meubles et tableaux, on me posa dans un camion. Puis on me déchargea dans un dépôt. Aucun huissier ne voulut entendre que je demandais d’autres soins qu’un marbre ordinaire. Je m’enveloppai dans des couvertures grises de déménagement, plus épaisses de poussière que de fibre laineuse, je m’aménageai un lit de fortune sur un sofa antique et ne dus qu’à l’obligeance du gardien, un brave homme, d’avoir un sandwich et de l’eau pendant quelques jours ; sans lui, je serais mort de soif et de faim avant la vente aux enchères.